Le temps de quatre après-midis de ce mois de juin, un panel citoyen de 65 ans et + s’est rassemblé autour de la question des modes d’habiter. Ces ateliers ont été organisés par la Maison de l’urbanisme du BW, en collaboration avec l’Institut culturel d’architecture dans le cadre d’un partenariat autour des questions de la réhabilitation territoriale et la rénovation du bâti. 

Allant du lieu où se poser aux formes de logements en passant par les modalités de vie communautaire et les solidarités intergénérationnelles, cette thématique est bien au cœur des préoccupations d’une part importante de ce segment de la population brabançonne. Une maison devenue trop grande pour certains, une vie en habitat groupé effective ou en projet pour d’autres, ou encore la curiosité, les motivations pour participer à ces ateliers étaient différentes, mais toutes avaient en commun l’envie d’en savoir plus sur les pratiques existantes et le cadre juridique, de partager une réflexion et des expériences. Des histoires évoquées, une richesse humaine. Des savoirs partagés. Des champs de réflexion ouverts pour réhabiliter nos territoires et savourer les bienfaits d’un habiter pensé dans le collectif. 

Pour accompagner la réflexion,un site choisi pour sa localisation en centralité et son potentiel de réhabilitation : une bâtisse imposante sur une ample parcelle, des maisons généreuses construites en lot de fond, un terrain vierge de plus de 10 ares. La règle du jeu : six nouveaux ménages investissent la zone définie, quels scénarios de réhabilitation envisager en cohérence avec les objectifs de renforcement de centralité invitant à la densification qualitative de cette zone ? Et une réflexion en lame de fond : comment investir un lieu pour y accueillir un habitat désirable et adapté aux 65 ans et +. 

Résumé de quatre après-midis d’exploration en dix actes

DÉCOUVRIR un lieu, un site, le cœur de Court-Saint-Étienne et son histoire. Le premier jour était consacré à la visite du site choisi pour mener les travaux. Un site inscrit dans l’histoire d’un village devenu cité industrielle avant de connaître un renouveau toujours en cours. Ce fut un aperçu captivant de l’histoire des usines Henricot avec les passionnés de l’asbl « Le Patrimoine Stéphanois ». Merci à eux pour ce partage ! C’est aussi la découverte de différentes façons d’habiter et une ouverture vers d’autres formes d’habitat : une cabane, un habitat kangourou, un duplex inversé…

ARPENTER le territoire. L’exploration du cœur de Court-Saint-Étienne et du site d’étude, sous la chaleur de juin, nous aura permis d’ancrer la réflexion dans un contexte plus large : dézoomer pour mieux appréhender l’ensemble des enjeux et proposer des projets cohérents à l’échelle du territoire.

APPRENDRE. Le savait-on ? Le Brabant wallon devrait accueillir, selon les perspectives démographiques, plus de 1000 centenaires en 2070 pour 73 recensés aujourd’hui. Avait-on conscience que le rythme d’artificialisation des terres en BW est aussi important (plus de 110 ha/an sur la période 2010-2020) et que nos réflexions sur les modes d’habiter doivent avant tout se préoccuper de réhabiliter le « déjà là » ?  Rappeler aussi que la création d’un nouveau logement est soumise à un permis d’urbanisme et que ceux-ci respectent un prescrit qui peut être différent d’un lieu à l’autre. 

PARTAGER des expériences, en commençant par l’histoire contée du lieu qui nous accueille : un habitat groupé qui a trouvé le bon modus vivandi pour vivre ce lieu et le partager à d’autres. Mais aussi d’autres expériences d’habitat groupé et les souvenirs d’enfance de vagabondage sur les flancs de collines. 

JOUER. Accueillir six ménages sur un site : un jeu d’enfant ?… Pas si facile que cela lorsqu’il s’agit de respecter les densités résidentielles préconisées et combiner les impératifs d’intimité ou d’ensoleillement. Pas évident non plus d’en ériger la maquette. Mais l’outil s’avère efficace : gérer les accès, saisir le rapport entre les espaces, la taille du jardin partagé… Tout s’éclaire par la manipulation des blocs et permet d’envisager d’autres possibles. 

NÉGOCIER. Les choix portés par les uns sont parfois en désaccord avec les autres. C’est le cas lorsqu’un développeur immobilier envisage un achat de l’ensemble du site et que les riverains s’inquiètent du sort de cet écrin. C’est aussi le cas lorsqu’il s’agit d’établir les règles de vie en communauté. Le jeu de rôle que nous avons mené a permis de mieux cerner les logiques de fonctionnement des différents acteurs rassemblés autour d’un projet et les objectifs fondamentaux qu’il faut partager collectivement. 

ÉCHANGER des savoirs, pratiques et points de vue. L’expérience des uns nourrit celle des autres. Elle permet de mettre en perspective ses besoins et envisager d’autres possibles. 

RIRE et (se) CONFIER. Une bonne humeur et le plaisir de se retrouver dans un lieu accueillant, mais aussi entendre le désarroi de l’un qui s’est vu refuser un permis d’urbanisme ou d’un autre qui regrette des visites familiales trop rares. Ces quatre après-midis étaient là aussi pour accueillir ces moments. 

QUESTIONNER. Ces ateliers ont ouvert un champ de réflexions vastes. La prise de conscience de l’ampleur de la question de l’habiter à 65 ans et +, allant de la localisation préférentielle, au type de logement souhaité(able), aux solidarités intergénérationnelles, intra-familiales et autres à encourager, et encore aux services d’accompagnement à assurer, sont autant de volets qui se sont ouverts.

Le travail mené avec le panel citoyen a notamment vu s’ériger une maquette de réhabilitation du site : un projet ambitieux qui cristallise une réflexion à un moment déterminé. De nombreux moments ont été captés par la caméra. Des témoignages sont également menés. L’ensemble de cette aventure collective sera valorisé lors de l’exposition organisée à Louvain-la-Neuve par l’Institut culturel d’architecture du 12.10 au 26.11. 

 

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