Construction circulaire et réemploi de matériaux
Retour sur le Midi de l’urbanisme qui s’est déroulé le vendredi 14 octobre. La thématique du jour : la construction circulaire et le réemploi de matériaux de construction, lors de la rénovation ou de la transformation d’un immeuble. Quatre intervenants ont partagé leur expérience du sujet.
Émilie Gobbo, qui travaille sur les questions d’économie circulaire au sein de Bruxelles-Environnement, a présenté les grands enjeux et défi en la matière. « Un changement de paradigme est nécessaire, en pensant surtout à l’impact global sur l’ensemble du cycle de vie des bâtiments, a-t-elle précisé. Cela nécessitera très certainement une « adaptation » de nos pratiques. Pour ce faire, il est nécessaire de sensibiliser, d’informer et de former pour changer les mentalités. Il faut aussi inspirer pour montrer que c’est possible, tout en stimulant la créativité et la collaboration. En ce sens, la pratique du réemploi et la conception pour le réemploi répondent à de nombreux enjeux et font partie intégrante d’une démarche que l’on peut qualifier de “circulaire”. »
Anton Maertens, business developer chez BC Material, une entreprise qui convertit les terres de déblais des chantiers en matériaux de construction circulaires et neutres en CO2, est ensuite venu parler de son expérience. Leurs briques de terre comprimée sont employées sur de plus en plus de chantiers. Près de 1 000 tonnes sont dorénavant produites chaque année. « C’est une solution durable qui permet de lutter contre la pénurie de matériaux, en proposant une formule locale qui met en avant la circularité, a expliqué Anton Maertens. En Belgique, 36 millions de tonnes de terres sont excavées chaque année, dont quelque 70% sont exemptes de pollution. Les réticences de certains sur la fiabilité de nos briques n’ont aucun sens. Pour les immeubles jusqu’à deux étages, elles sont parfaitement adaptées. Procéder de cette manière est vraiment l’avenir de la construction. Nos enduits en terre crue sont meilleurs pour la qualité de l’air, l’acoustique et l’humidité. »
Julien Willem est de son côté venu présenter son projet de transformation de l’ancienne ferme de l’Épine, située à l’entrée de Louvain-la-Neuve, en un espace de bureaux Mundo-Lab. Le chantier est en cours et a d’ailleurs été récemment primé par la Région wallonne comme « chantiers et services circulaires ». « Pour nos six Mundo-Lab, il y a la volonté de proposer des immeubles à impact environnemental positif, a détaillé Julien Willem, en charge des projets immobiliers. Il y a la volonté de favoriser aussi l’économie circulaire. De nombreux matériaux ont été récupérés tels que des portes, des luminaires, des isolants ou du mobilier, de même que 75 tonnes de poutrelles en acier. Nous nous donnons en tout cas le temps de faire des projets de qualité. Car il faut avant tout revenir aux besoins fondamentaux : pragmatisme, rénovation et sobriété. »
Benjamin Piret-Gérard, fondateur du promoteur Redev, est ensuite venu discuter de son projet immobilier à Nivelles. Soit la transformation d’un ancien site industriel en un ensemble de 66 logements. Avec comme caractéristiques principales d’avoir récupéré une série de matériaux, dont notamment les briques qui seront maçonnées aux murs des nouveaux immeubles. « Je voulais faire les choses différemment mais je n’avais aucune idée que je travaillais selon les principes de construction circulaire, a lancé Benjamin Piret-Gérard. Cela m’intéresse vraiment, je suis d’ailleurs en train de suivre des formations en ce sens. Ce projet veut diminuer au maximum les impacts environnementaux. 120 trajets de camions ont été économisés grâce au réemploi de matériaux. Et 700 palettes de briques ont été récupérées. Financièrement, j’ai réalisé des économies en procédant de la sorte. À refaire, je me lancerais à nouveau dans ce type d’opération. Car il est de temps de favoriser d’autres approches. »